Relais pour la Vie !
Nous serons présents mes enfants et moi à la 5ème édition du
Relais pour la vie à Deux-Montagnes le 6-7 juin 2008 de 19h à 7h .
Nous animerons la Salutation au Soleil aux petites heures du matin, suivie d'un témoignage sur l'engagement à lutter contre le cancer.
Visitez le site de la société canadienne du cancer et du Relais pour la Vie:
Le Yoga face au deuil
Comment il peut aider à s’en sortir sereinement
In memoriam: Richard Polewska: 25 janvier 1965-10 juin 2003
« Bien qu’on nous ait encouragés à croire que nous perdrions tout si nous ouvrions la main, la vie, en de multiples occasions, nous démontre le contraire. Le lâcher prise est, en effet, le chemin de la vraie liberté. Lorsque les vagues se jettent à l’assaut du rivage, les rochers n’en sont pas endommagés. Au contraire, l’érosion les modèle en formes harmonieuses. » (Le livre tibétain de la vie et de la mort, Sogyal Rinpoché).
J’ai été violemment confrontée à la Mort il y a de cela bientôt 5 ans et j’ai pu appréhender et apprendre réellement ce que signifie grandir à travers les épreuves, les ruptures et les deuils.
Bien entendu tout deuil passe par des phases inévitables, sorte de passages obligés dans le cheminement vers la guérison. Chaque individu étant unique il m’apparaît difficile de réduire ici la réalité de chacun avec les théories en la matière, mais j’aimerais plutôt vous livrer mon témoignage face au cancer et à la mort avec ce que j’ai vécu personnellement, et comment le Yoga m’a été d’un immense secours.
Mon expérience pourra peut-être aussi en guider certains sur la voix du mieux-être face à cette inévitable étape de la vie.
Mon ex-conjoint est décédé le 10 juin 2003, d’une tumeur à l’intestin grêle (lymphome), dont nous ignorions même l’existence 3 jours auparavant quand il fut hospitalisé d’urgence. Il souffrait terriblement depuis 3 mois de maux de dos et de problèmes gastro-intestinaux sans qu’ aucun médecin n’est pu décelé quoique ce soit de grave !
Alors bien entendu quel ne fut pas le choc pour mes enfants et moi d’apprendre cette dure réalité et de le perdre si vite. Je n’avais que 34 ans et nos enfants à peine 6 ans et 4 ans.
Les travaux d'Elisabeth Kübler-Ross font retenir cinq étapes d'un deuil.
1. Choc, déni : Cette courte phase du deuil survient lorsqu'on apprend la perte. C'est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes. C'est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte s'installe.
2. Colère : Phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s'installer dans certains cas. Période de questionnements.
3. Marchandage : Phase faite de négociations, chantages...
4. Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse, des remises en question, de la détresse. Les endeuillés dans cette phase ont parfois l'impression qu'ils ne termineront jamais leur deuil car ils ont vécu une grande gamme d'émotions et la tristesse est grande.
5. Acceptation : Dernière étape du deuil où l'endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée. L'endeuillé peut encore vivre de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte.
Les 5 phases ci-dessus peuvent être linéaires mais il arrive souvent qu'un endeuillé puisse faire des retours en-arrière avant de recommencer à avancer. Une bonne façon de traverser un deuil est de comprendre ce que l'on vit et de partager ses sentiments et émotions avec des proches ou des gens qui vivent également un deuil.
Ces étapes ne se succèdent pas forcément. Il ne s'agit pas d'un mécanisme inévitable. Certaines personnes peuvent quitter un deuil et passer à l'ultime étape de liberté d'action, sans que les sentiments qu'elles pouvaient porter puissent être considérés comme négligeables.
( Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuil)
Nous avons donc nous-mêmes vécu ces étapes, grâce aussi au soutien, à la sympathie de nombreuses personnes mais il nous arrive encore parfois après 5 ans de rejoindre à nouveau des sentiments de colère ou de culpabilité ou de s’effondrer subitement en larmes !
J’avais commencé à enseigner le Yoga au printemps 2002 dans différents centres communautaires et sportifs de ma région et j’avais débuté ma pratique personnelle en 1987, alors étudiante à l’université d’Angers en France.
Je suis arrivée au Québec en 1989 et ai décidé de m’y établir, d’y vivre et d’y fonder famille .
Je vais tenter de vous expliquer en quoi le Yoga m’a aidé à surmonter cette épreuve.
Sur le plan spirituel et philosophique, il me semble que dès les premières heures après sa mort j’ai su et accepté intérieurement qu’il avait choisi de s’incarner dans cette vie-ci (sur le plan karmique), d’y accomplir ce qu’il avait à vivre pour lui permettre de grandir ou de « guérir » et qu’à 38 ans il choisissait de quitter ce monde.
Cette vision orientale de la mort me venait de mon intérêt pour le Yoga et de sa pratique mais elle est certes difficile à accepter pour nos esprits occidentaux. Il me fut moins aisé d’ailleurs de reconnaître que moi –même et mes enfants avions aussi choisi de vivre ces évènements.
La connaissance de soi, l’écoute de son corps, de ses émotions, l’accueil sans jugement, l’acceptation, la compassion face à soi-même et aux autres que le Yoga m’avait enseigné et aidé à développer m’ont été d’un grand secours, tout autant que la pratique des postures, des pranayamas, de la relaxation, de la méditation et d’une saine hygiène de vie.
Plusieurs nuits, j’ai dû me prévaloir de bonnes respirations complètes pour aider à apaiser mon corps et mon mental qui se réveillaient en grande torpeur.
À cela j’y ajoutais le pouvoir exceptionnel de la visualisation, me transportant mentalement dans un endroit calme et serein, en pleine nature ou étendue sur une plage dans le sable chaud pour sentir mon corps se détendre en s’y enfonçant, écouter le doux va et vient des vagues et les synchroniser avec ma respiration. Immanquablement je m’en trouvais rapidement apaisée et retrouvais le sommeil si indispensable et réparateur.
En septembre 2004, j’ai participé à une série de rencontres d’un programme d’entraide à l’intention des personnes endeuillées car j’ai vivement ressenti à ce moment-là le besoin de partager mon vécu sans jugement et de poursuivre mon cheminement avec des personnes qui avaient vécu eux aussi un deuil et faisaient le choix de s’impliquer bénévolement pour le bien-être des autres. Mes enfants à la même époque ont pu bénéficier d’un soutien de groupe pour enfants spécialement conçu et adapté pour eux. Ils étaient en fait 8 merveilleux jeunes de 5 à 11 ans à avoir vécu la mort d’un être cher et à s’impliquer intensément vers leur guérison.
J’avais gardé un seul cours de Yoga le soir à 10 minutes de chez moi car l’enseignement m’aidait énormément. En transmettant aux autres ma passion, mes connaissances et mon savoir-faire pour cette discipline, j’avais vraiment l’impression de contribuer, ne serait-ce que de manière infime, à améliorer leur bien-être autant physique, qu’émotionnel, psychologique et spirituel.
Tout cela contribuait à mon bonheur en me confirmant que j’aimais vraiment enseigner et désirais plus que tout progresser sur la Voie du Yoga.
La Mort peut nous apprendre que si nous faisons le choix de vivre pleinement malgré les épreuves, la Vie nous récompense en retour en nous apportant des cadeaux que nous pensions pourtant être disparus à jamais.
Le Yoga nous enseigne à vivre l’instant présent, à vivre nos « ici et maintenant » car c’est le seul moment qui nous appartient vraiment. Hier est passé et ne reviendra pas et demain nous est inconnu encore. Jamais nous ne savons quand la mort peut nous attraper ou saisir au vol un être cher.
Après une épreuve importante (un deuil, une séparation, une perte d’emploi, une maladie grave) nous goûtons infiniment plus cette réalité de l’instant présent.
Chaque lever de soleil, chaque fleur qui pointe au printemps, chaque sourire rencontré, le chant des oiseaux, le regard d’un enfant nous ramènent à savourer pleinement et constamment la beauté de l’ Instant.
Au même titre chaque crise de larmes, chaque cri, chaque désespoir, chaque tension musculaire, chaque « boule » au fond de la gorge ou au creux de l’estomac nous fait prendre conscience que le corps, cette merveilleuse machine, réagit fortement lui aussi à toute épreuve ou tout stress majeur et que si nous n’écoutons pas les signes qu’il nous envoie nous pourrions à notre tour développer divers maux et maladies.
Les asanas nous aident de façon générale à être plus à l’écoute de son corps, de ses limites, à dénouer les tensions incrustées, à assurer un bon fonctionnement à nos organes internes, à nos glandes endocrines à tout notre système nerveux.
Dans les moments intenses de notre vie, le Yoga nous aide plus particulièrement à faire le choix de s’arrêter, de s’occuper de soi, de s’accorder du temps pour
aider à retrouver l’équilibre dans la tourmente et se diriger tranquillement vers la guérison avec gratitude, amour et douceur face à soi-même.
Marcher en pleine nature, prendre un bon bain, aller voir un bon spectacle, dîner avec une bonne amie, écouter sa musique préférée, recevoir un massage, s’amuser avec un enfant, suivre une séance de Yoga sont autant d’activités réconfortantes qui s’avèrent être les plus efficaces pour prendre soin de soi, de s’ouvrir aux énergies et à la force qui nous habitent et nous guident vers la guérison et l’épanouissement.
Je suis convaincue que le Yoga m’a aidé à Unir ou ré-unir mon corps, mon mental, mes émotions et mon esprit totalement démantelés parfois dans la tempête et qu’il demeurera mon outil privilégié de croissance personnelle, un art de vivre incomparable pour moi et mes enfants. C’est de plus tout un privilège pour moi de l’enseigner et de transmettre à tous, petits et grands, ses immenses bienfaits.
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